Gerris dans la correspondance de Flaubert

 

 


« […] vous m’envoyez pour remplacer le mot libellules celui d’alcyons. Georges Pouchet m’a indiqué celui de gerre des lacs (genre Gerris). Eh bien ! ni l’un ni l’autre ne me convient, parce qu’ils ne font pas tout de suite image pour le lecteur ignorant. Il faudrait donc décrire ladite bestiole ? Mais ça ralentirait le mouvement ! Ça emplirait tout le paysage ! Je mettrai des insectes à grandes pattes, ou de longs insectes, ce sera clair et court. »

Flaubert, Lettre à George Sand, 5 juin 1868, Correspondance, vol. III, Pléiade, p. 759.

(Flaubert était en train d'écrire le séjour à Fontainebleau de Frédéric et Rosanette (L’Éducation sentimentale). Il a finalement renoncé à ce détail, nous dit une note.)

(Merci Christian).




Des gerris chez Paul-Jean Toulet dans ses "Lettres à moi-même"


Une trouvaille de Christian Dufour :
Des gerris chez Paul-Jean Toulet dans ses "Lettres à moi-même" (celle-ci datée du 14 septembre 1903), à propos de L’Île heureuse du peintre Albert Besnard : 

« Besnard ne me fit songer là à aucun écrivain, mais à Watteau, aux gondoles de Carpaccio, et à ces moucherons qu’on appelle cordonniers, et qui sautent, l’été, par bonds rapides, sur la croûte grasse et chaude des mares. » (Ces gerris, c'est très certainement à Carresse qu'il les avait observés).

Gerris immortels chez Valery Larbaud


« Un jour Marcel découvrit la mer intérieure, le bassin. [...] Après bien des pourparlers, il fut convenu que le port principal (l'escalier qui descend dans l'eau) lui appartiendrait. Alors, il s'y installa et passa des heures à explorer les eaux des cette mer mystérieuse. A la surface flottaient ces insectes qui sont faits d'un trait horizontal porté sur six minces pattes. Ce sont peut-être des bâtons d'écriture qui se sont échappés des cahiers de l'école. Ils savent bien leur système métrique, et ne manquent jamais de l'appliquer : même lorsqu'on les poursuit, ils n'oublient pas de compter les centimètres qu'ils parcourent à la surface de l'eau. Ils sont invulnérables et probablement immortels : vous avez beau soulever une tempête autour d'eux pour les noyer : pendant que vous agitez encore votre bâton dans un remous de vase, toute leur tribu est déjà de l'autre coté du bassin, occupée à mesurer la portion d'eau calme qui lui reste. »
Valery Larbaud, « La Grande Époque » in Enfantines, 1918.

Le Gerris est pervers


Déniché par Yann Leclerc dans Science et vie.

"Le non sens des choses, et son reniement"


Sur un blog du Monde, que me signale l'ami Pierre Claude, ce gerris semble inspirer le poète. > Lire ici

Critique sur "Le littéraire.com"


... qui date de 2007 (mais trouvée ce jour). > C'est ici.

Miroir...


Une photo de Philippe Heurtel.

Chez les Gerris, c'est le gentil qui gagne à la fin


Geneviève Bille, adorable animatrice et créatrice d'un club de lecture en Suisse nous adresse cet article qui prouve, s'il en était encore besoin, que les Gerris ont bien des choses à nous apprendre...
Pour cette information capitale, Geneviève est nommée Contemplatrice gerritique de niveau IV.
Cliquez sur l'article pour l'agrandir.

Contemplation (révélation ?) gerritique chez Pierre Bourgeade


"Sur le chemin du retour, comme elle longeait les étangs, allant en direction de Versailles, elle prit sur sa droite un chemin de terre et stoppa près d'une barrière. Elle alla s'asseoir sur un banc de bois. Pas un bruit. En plein soleil, l'étang brillait comme une plaque d'acier. A un mètre d'elle, entre les ajoncs, elle remarqua une araignée d'eau, qui, de temps en temps, faisait de vifs mouvements, agitant violemment ses membres frêles et symétriques sans pouvoir avancer contre le courant".
Analyse et commentaire : La description de l'épiphanie gerritique est pour une fois remarquable et précise. C'est extrait de "Ca n'arrive qu'au mourant", de Pierre bourgeade (Ed. La Branche, coll. Suite Noire, oct 2008) et à ce stade de l'action, sans que l'auteur ne s'étende davantage par la suite, l'apparition gerritique prend tout son sens dans cet excellent petit roman. On aurait toutefois aimé un développement des conséquences pour le personnage de cette contemplation gerritique soudaine. Le roman est court, et donc le volume consacré à la scène en devient important. Il y avait forcément envier de signifier la contemplation, mais cela n'a pas été fait. Par manque de bases sur la science de la contemplation gerritique ? Celle-ci reste donc dans cet ouvrage à un stade embryonnaire que l'on qualifiera de sensible instinctif. A la fois bravo... et dommage d'être passé à côté.